dimanche 21 août 2016

Je suis une fille marocaine. Une jeune fille de 23 ans actuellement.

La vie m’a toujours sourit et m’a toujours offert ce dont j’avais besoin, voire plus depuis que je suis née ; j’ai des parents aimants, un grand frère attentionné, une belle et chaleureuse maison, un niveau socio économique très respectueux et une santé de fer. Le sourire ne quittait pas mon visage, et pour parler de moi on m’appelait : la fille qui est toujours souriante, ça me flattait…


Jusqu’au jour J. J’avais 20 ans. J’étais de retour à mon pays pour des vacances parce que je poursuivais mes études en France depuis l’obtention de mon bac.

La météo intensifiait ma nature joviale. On a décidé de faire un pique nique en famille, avec notre beau gosse de berger allemand ; Croc Blanc. On est arrivé à la forêt où il y avait beaucoup de monde.


C’était une matinée d’été où il faisait très très beau ! La météo intensifiait ma nature joviale. On a décidé de faire un pique nique en famille, avec notre beau gosse de berger allemand ; Croc Blanc. On est arrivé à la forêt où il y avait beaucoup de monde. Tout le monde voulait profiter d’une aussi belle journée. J’étais surprise de rencontrer par hasard un ami avec qui j’ai perdu contact depuis notre bac en commun. J’étais très contente de le voir, et lui aussi… Il était accompagné de 3 autres garçons que je ne connaissais pas, et dont j’ai fait connaissance à travers lui, ils étaient très sympas ! Ils m’ont proposé de rentrer ensemble en ville et rencontrer d’autres  amis du bac en commun avec qui j’avais perdu contact aussi, et que j’aimais bien et qui me manquaient surtout ! Je n’ai pas hésité à accepter !

Après le déjeuner en famille, j’ai pris la permission de mes parents et de mon grand frère pour aller rejoindre les garçons, j’ai gardé Croc Blanc avec moi. Ma famille est rentrée à la maison. Les garçons m’ont proposé d’appeler les autres pour nous rejoindre à la forêt, j’ai trouvé que c’était une très bonne idée ! Après une quinzaine de minutes, une voiture de 4 garçons est arrivée, je ne les connaissais pas. J’étais la seule fille entre 8 garçons, je connaissais un seul et je le connaissais très bien, donc je n’avais rien à craindre quoique mon cœur cognait dans ma poitrine et m’étouffait. J’ai oublié de préciser que la forêt était devenue quasi déserte, mais je voyais un gardien se balader à côté et lançait des regards vers nous, ça me rassurait.

J’étais violée par 9 « hommes » (le gardien y compris). Je passe la description du viol parce que je ne me rappelle de rien, je me rappelle seulement de beaucoup de cris et de beaucoup de douleurs.


J’étais violée par 9 « hommes » (le gardien y compris). Je passe la description du viol parce que je ne me rappelle de rien, je me rappelle seulement de beaucoup de cris et de beaucoup de douleurs.

J’ai repris conscience à la tombée de la nuit. A côté de moi, Croc Blanc gisait dans son sang et dans mon sang. Je ne sentais rien du tout, j’étais inhibée, impassible, insensible. Je n’ai pas trouvé mes sandales, ma robe était déchirée, je n’ai pas trouvé mon téléphone aussi. Je me suis mise debout pour appeler, dire seulement « aafak » que je savais aller se disperser dans ce noir effrayant, mais aucun son n’arrivait à sortir de ma bouche sèche. Je n’avais pourtant pas peur, je ne pleurais pas, j’avais seulement froid. J’ai mis mes genoux sales sur la terre de sang, puis ma tête avec mes cheveux mouillés sur le cou de Croc Blanc et je me suis endormie.

A mon réveil, j’étais dans une clinique. Il y avait devant la porte un gardien de sécurité. J’ai appelé Croc Blanc parce que c’était mon dernier souvenir, mes parents et mon frère sont rentrés. Ma mère, affolée, pleurait, mon père et mon frère me regardaient les yeux mouillés sans rien dire. Ils ne disaient rien, ils me prenaient seulement dans leurs bras à tour de rôles. Je ne savais pas s’ils savaient ce qui m’est arrivé, alors comme une automate j’ai dit : J’ai été violée par 9 personnes et ils on tué Croc Blanc, il est où Croc Blanc déjà ?!! J’ai était rassurée parce qu’ils l’ont enterré dans le jardin. Encore comme un robot j’ai dit : Hta ana dfnouni hdah aafakoum…

Les jours se sont succédés et j’allais de plus en plus mieux. Un psychiatre m’a accompagné et était satisfait de mes progrès. J’ai encore oublié de mentionner que mon père et mon frère ont  poursuivi « mon ami » et ses amis en justice, le plus secrètement du monde pour ne pas faire de scandale publique. Les parents de tous ces garçons nous rendaient souvent visite. Vous allez trouver ça drôle, moi aussi. Au début, on ne voulait pas d’eux, enfin surtout mes parents et mon frère, parce que moi je ne prenais pas vraiment de décisions et je n’étais que réceptive et spectatrice. Ils venaient surtout pour nous supplier de retirer la plainte contre leurs garçons. Moi je voulais la retirer, parce que j’avais pitié pour ces parents, quoique je détestais leurs garçons. Je n’ai pas réussi à comprendre d’où venait l’erreur de ce genre de choses exactement, parents, enfants ? En tout cas à voir le visage de ces parents, surtout des mamans, j’avais seulement pitié.

Bref, j’ai fini par convaincre mes parents et mon frère de retirer la plainte à condition de ne pas venir me remercier ou quoique ce soit, je voulais juste tout oublier.

J’ai presque tout oublié. J’ai retrouvé mon sourire, je vivais sereinement avec mon  choc. Je passais beaucoup de temps au jardin à côté de l’âme de Croc Blanc, à chaque retour au Maroc. J’allais bien.


Deux ans plus tard, j’avais 22 ans. Mes parents sont décédés. Accident de voiture. Je ne les avais pas vus depuis 4 mois parce que j’étudie en France.



Jusqu’au deuxième jour J. Deux ans plus tard, j’avais 22 ans. Mes parents sont décédés. Accident de voiture. Je ne les avais pas vus depuis 4 mois parce que j’étudie en France. Pire, j’avais des examens donc on ne se parlait même pas longtemps au téléphone. Je ne m’y attendais pas. Je n’assimilais pas qu’il était possible que du jour au lendemain les êtres les plus chers au monde pour moi, pouvaient quitter la vie comme s’ils n’avaient pas existés, aussi brutalement, sans dire au revoir à leur fille chérie. C’était dur et encore une fois je passe la description de ma douleur, c’était une douleur morale, mon viol était une douleur physique et morale, mais la perte des parents est la chose la plus dure qui puisse arriver au monde ! Surtout quand ils sont en très bonne santé, au comble de leur vie amoureuse, ils étaient en voyage pour fêter leur anniversaire de mariage. Leur 30ème année de vie commune… Ils ont quitté la vie ensemble, ils auraient sûrement souhaité ça…

Je ne pouvais malheureusement pas supporter tous ces chocs brutaux et si rapprochés, quoique j’aurais aimé. J’étais obligée de quitter le Maroc pour de bon avec mon frère. Mon beau pays où j’ai été violée et où mes parents et Croc Blanc ont rendu leurs pures âmes. Mon frère s’est occupé des trucs administratifs pour transporter les corps de mes parents en France. Ce n’était pas possible pour Croc Blanc, et je suis très triste pour ça. Sa tombe est toujours dans le jardin de notre ancienne maison qui a été convertie pour une raison humanitaire à l’hommage de mes parents, et que maintenant est dirigée par notre cher oncle, le seul membre de la famille qui nous reste. J’ai laissé mon corps, mes souvenirs et ma vraie identité là bas, au Maroc.

Hier, je viens de terminer ma deuxième psychothérapie que j’avais commencée depuis le décès de mes chers parents.


Encore. J’ai presque tout oublié. J’ai retrouvé la moitié de mon sourire, je vis sereinement avec mes chocs. Je vais bien. Je vais bien en attendant un troisième jour J.


Maintenant j’ai 23 ans comme je l’ai dit, j’ai le vécu d’une femme de 50 ans, mon cœur est lourd et mon énergie s’est estompée. Par contre, je suis toujours vivante. Et je veux croire que malgré tout, la vie est belle, parce que mes parents m’ont appris ça et ne seront pas contents si j’abandonne ou si je m’affaiblis. Ils voulaient toujours voir en moi une fille battante et forte. Et je ferais tout pour leur faire plaisir. Je redeviendrai comme ils m’avaient toujours imaginée,  et surtout fière de tout ce que ma jeunesse a connu. J’ai juste besoin d’un peu plus de temps…


Mon frère me dit des fois en souriant, que nous aurons beaucoup de choses à raconter à nos enfants un jour. Oui, j’ai hâte de parler à mes enfants de leurs grands parents et de la force de leur maman, un jour.
Entre temps je ferai ça avec mon neveu, aujourd’hui je suis tante pour la première fois.
MORALITÉS :


– Les filles, perdez toute sorte de confiance en tout sexe masculin qui ne fait pas partie de votre petite famille.
– Les amis, tous sexes confondus, soyez tolérants et pardonnez même aux gens qui ont fait des horreurs à votre égard. Parce que c’est pour vous que vous le faîtes, vous devenez légers et heureux par la suite. Après tout la vraie punition appartient au  Bon Dieu pas à nous.

Mariez vous où trouvez vous des filles qui vont vous satisfaire parce qu’elles le choisissent. Mais ne faîtes pas de mal aux filles qui ne veulent pas, par force, je vous en supplie, pour l’amour de Dieu…  Parce que c’est juste, horrible !!



–  Les garçons, je peux comprendre les pulsions sexuelles qui vous arrivent des fois, peut être que vous être construits comme ça… Mais comme on dit, la liberté d’une personne se termine quand elle touche celle d’une autre. Mariez vous où trouvez vous des filles qui vont vous satisfaire parce qu’elles le choisissent. Mais ne faîtes pas de mal aux filles qui ne veulent pas, par force, je vous en supplie, pour l’amour de Dieu…  Parce que c’est juste, horrible !!


– Les amis, tous sexes confondus, la mort fait partie de la vie, et c’est notre sort à tous. Pour toute personne qui a perdu un ou plusieurs êtres chers, la vie se termine pour cette personne mais pas pour vous. Vous serez même une continuité de la vie des personnes que vous avez perdus en vivant pour eux, en réalisant ce qu’ils aimeraient voir en vous, et surtout, en priant pour eux.
Mes amitiés.

Source: Docraba

Encadré : la jeune femme s’est suicidée« Vous vous rappelez sûrement de l'histoire de cette jeune femme courageuse.. J'ai le grand malheur de vous annoncer qu'elle a rendu son âme .. Elle s'est malheureusement suicidée ..Elle était très forte. Elle s'est tellement battue pour retrouver la vie et le sourire .. Mais les chocs que la vie lui a fait subir en un rien de temps, ont tout simplement étaient pour elle insurmontables.. », lit-on sur la page Facebook de Docraba, dans un post du 13 juillet 2016

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